Ciné CLEP : Amarcord

Vendredi 17 janvier 2020 à 20h15

Bibliothèque Saint Corneille

Compiègne

Entrée gratuite

Réalisateur

Federico Fellini

 (1974)

Musique

Nino Rota

Acteurs

Magali Noël Gradisca
Bruno Zanin Titta
Armando Brancia le père de Titta
Pupella Maggio la mère de Titta
Nando Orfei l’oncle de Titta
Ciccio Ingrassia l’oncle fou
Marie-AntoniettaBeluzzi la buraliste
Josiane Tanzilli Volpina

Synopsis

Corpole, dans l’Italie fasciste des années 30. Les «manines», une ouate légère qui se détache des peupliers, annoncent l’arrivée du printemps. Le 19 mars, les habitants célèbrent l’événement en brûlant tout ce qui leur tombe sous la main. La Volpina, une étrange mythomane, subit la rudesse des noceurs. La belle Gradisca s’exhibe en compagnie de ses soeurs. Titta, un collégien adepte de l’école buissonnière, doit rendre des comptes à son père. Elève déluré, il subit comme ses camarades les cours soporifiques ou ridicules d’un corps enseignant respectueux de la tradition. Farces et chahuts compensent l’ennui des heures de classe interminables…

La Critique

Jamais Fellini n’a été plus proche de l’autobiographie qu’avec ce film au titre évocateur : « je me souviens », en dialecte romagnol. Souvenirs plus ou moins avérés, donc, du jeune Federico, quand il découvrait la vie à Rimini dans les années 1930.

La mémoire transforme ces instantanés de vie ordinaire en images irrésistibles. Au fil d’une chronique décousue main surgissent les seins de la Gradisca, l’hyperbolique vamp locale, le directeur du cinéma qui s’est fait la tête d’un célèbre jeune premier hollywoodien, le Rex glissant dans la nuit et la parade grotesque des pompeux guignols en uniforme de la fête fasciste. Rassemblés, tous ces signes, trop beaux pour ne pas être véridiques, cernent les émois d’une adolescence hantée par la chair et le péché qui va avec, confrontée à la molle veulerie ambiante vis-à-vis du régime mussolinien, et traversée aussi d’une gravité furtive quand, une nuit, un violon solitaire joue L’Internationale…

La plus mince anecdote est, ici, sublimée par l’œil de l’artiste Fellini (et de ses complices, le chef opérateur Giuseppe Rotunno et le compositeur Nino Rota) et représente un incomparable hommage au cinéma. Celui qui faisait fantasmer l’adolescent de Rimini et celui qui permet au Maestro de transfigurer la réalité en rêve éveillé.

Jean-Clauce LOISEAU (Télérama)




Ciné CLEP : Scaramouche

Vendredi 13 décembre 2019 à 20h15

Bibliothèque Saint Corneille

Compiègne

Entrée gratuite

Réalisateur

George Sidney

(1952)

Synopsis

Dans la France pré-révolutionnaire. Une tendre amitié lie Philippe de Valmorin et André Moreau, un aventurier insouciant et séducteur qui a grandi sans connaître ses nobles origines. Quand Philippe est tué par la meilleure lame du royaume, le cynique marquis de Maynes, protégé de Marie-Antoinette, André jure de le venger. Lui-même proscrit, il se cache sous le masque du clown Scaramouche dans une troupe de comédiens, où il obtient un vif succès, y compris auprès de l’ardente jeune première, Léonore. Il s’exerce assidûment à l’escrime pour pouvoir se mesurer à son ennemi, auquel l’oppose désormais un grief supplémentaire : tous deux courtisent la jeune Aline de Gavrillac, une belle ingénue…

Acteurs

Stewart Granger André Moreau / Scaramouche
Janet Leigh Aline de Gavrillac
Eleanor Parker Léonore
Mel Ferrer Noël de Maynes
Henry Wilcoxon Chabrillaine
Nina Foch la reine Marie-Antoinette
Richard Anderson Philippe de Valmorin
Robert Coote Gaston Binet
Lewis Stone Georges de Valmorin
Elisabeth Risdon Isabelle de Valmorin
Curtis Cooksey Fabian
Aram Katcher Napoléon Bonaparte

La critique

La France à l’aube de la Révolution : André Moreau, insouciant séducteur, cherche à venger son meilleur ami Philippe, assassiné par le marquis de Maynes pour avoir signé des pamphlets révolutionnaires. André, qui est recherché, se cache derrière le masque de Scaramouche dans une troupe de théâtre ambulant. Le soir, il joue ; le matin, il apprend le maniement de l’épée…

Les romans de Rafael Sabatini, le ­Dumas italien, décédé en 1950, inspirèrent beaucoup Hollywood. Son Captain Blood connut trois adaptations, dont celle de ­Michael Curtiz en 1935. Scaramouche avait déjà ferraillé en 1923 sous la direction de Rex Ingram, mais c’est cette version de George Sidney qui reste inoubliable. Quatre ans auparavant, Sidney avait réalisé une autre merveille du swashbuckling (nom américain pour les films de cape et d’épée), Les Trois Mousquetaires, avec Gene Kelly, en le dirigeant à la manière d’une comédie musicale. Même mise en scène rythmée, légère et divinement chorégraphiée, pour ce Scaramouche palpitant où les scènes de bravoure et les cavalcades effrénées sont ponctuées de purs moments comiques, dont un gag final surprenant dans un happy end. Le dernier duel dans le Théâtre de l’Ambigu reste un sommet du genre où Stewart Granger et Mel Ferrer bondissent de balustrades en escaliers, et de fauteuils d’orchestre jusque dans les coulisses sans cesser une seconde de croiser le fer. Janet Leigh, noble et sensible, digne d’une héroïne de Dumas, a la beauté d’un Watteau. La flamboyante ­Eleanor Parker est aussi drôle que volcanique. Avec son insolence d’aventurier mondain, Stewart Granger semble rire sous cape de jouer les Errol Flynn. Quel charme…

Guillemette Odicino (Télérama)




Ciné CLEP : Princesse Mononoké

Vendredi 15 novembre 2019 à 20h15

Bibliothèque Saint Corneille

Compiègne

Entrée gratuite

Réalisateur

Hayao Miyazaki

Film d’animation (1997)

Musique

Joe Hisaishi

Synopsis

Ashitaka, un jeune guerrier japonais, affronte un sanglier géant et furieux qui attaque son village. Il tue la bête, mais se retrouve atteint par un mal mystérieux qui le ronge. Sur le conseil des sages, il part vers l’Ouest, à la recherche de ce qui a transformé l’animal en démon. Au cours de son périple, il rencontre San, une jeune fille qui vit avec les loups. Ashitaka apprend que les humains sont à l’origine de tous ces maux, car ils détruisent la forêt, qu’ils exploitent pour alimenter leurs forges. Dame Eboshi, qui dirige ces usines, ne veut rien entendre. Le temps presse pour Ashitaka qui doit en appeler au dieu-cerf, seul capable d’éviter le désastre…

La critique

Chevauchées fantastiques, combats acharnés, pluies de flèches, têtes qui sautent, animaux qui parlent : c’est le ton de ce dessin animé plein de bruit et de fureur, d’une merveilleuse ambition. Une fresque de plus de deux heures qui mêle l’histoire du Japon médiéval à la féerie des légendes ancestrales. Un pari gagné !

Il y a du Shakespeare dans ce récit, où le réalisme cru côtoie l’irrationnel. Celui du Songe d’une nuit d’été. Celui de Macbeth, aussi, pour la violence des sentiments. Avec ses amples mouvements de foule, ses ruptures de ton, ses visions fulgurantes — Mononoké, la « princesse des démons », chevauchant tel un elfe en furie un loup géant sous la pluie —, la mise en scène est éblouissante. Sur une superbe musique de Joe Hisaishi, musicien attitré du cinéaste Kitano, Miyazaki orchestre d’étranges moments où l’invention graphique fait naître une poésie sauvage. Le Mal sort d’un sanglier sous la forme d’une myriade de vers lumineux. De petits esprits pacifiques aux corps translucides défilent soudain dans les arbres en dodelinant.

Princesse Mononoké passionne et envoûte.

Bernard Génin – Télérama




Ciné CLEP : La mariée était en noir

Vendredi 11 octobre 2019 à 20h15

Bibliothèque Saint Corneille

Compiègne

Entrée gratuite

Réalisateur

François Truffaut (1968)

Acteurs

Jeanne Moreau Julie Kohler
Michel Bouquet Coral
Jean-Claude Brialy Corey
Charles Denner Fergus
Claude Rich Bliss
Michael Lonsdale René Morane
Daniel Boulanger Delvaux
Alexandra Stewart mademoiselle Becker
Sylvine Delannoy madame Morane
Luce Fabiole la mère de Julie
Elisabeth Rey Julie enfant
Michèle Montfort le modèle de Fergus

Synopsis

Sur le parvis d’une église, un couple s’avance. Ils viennent de se marier et sont heureux. Soudain l’homme s’effondre, touché à mort par une balle venue d’on ne sait où. Julie, la jeune veuve, tente de se suicider. Sa mère l’en empêche. Julie part seule pour la Côte d’Azur. Elle y séduit un nommé Bliss, le jour de ses fiançailles, et le pousse du haut d’un balcon. Plus tard, Coral, un célibataire minable, est assassiné dans une ville de province. Julie raye un nom de plus sur la liste des cinq hommes dont elle veut se venger. Vient alors le tour de Morane, un industriel ambitieux, que Julie enferme dans un réduit dont elle bouche les aérations…




Ciné CLEP 20 septembre 2019

L’HOMME QUI TUA LIBERTY VALANCE

Vendredi 20 septembre 2019 à 20h15

Bibliothèque Saint Corneille

Compiègne

Entrée gratuite

Réalisateur : John Ford (1962)

Acteurs

James Stewart Ransom Stoddard
John Wayne Tom Doniphon
Vera Miles Hallie Stoddard
Lee Marvin Liberty Valance
Edmond O’Brien Dutton Peabody
Andy Devine Link Appleyard
Ken Murray Willoughby
John Carradine Cassius Starbuckle

Synopsis

Après des années d’absence, le sénateur Ransom Stoddard retourne à Shinbone avec sa femme Hallie pour assister à l’enterrement de son vieil ami, Tom Doniphon. Les journalistes s’interrogent : pourquoi le sénateur a-t-il tenu à faire ce voyage à tout prix ? Qui était donc ce Tom Doniphon ? Retour sur l’histoire de Ransom Stoddard. Jeune juriste, il avait quitté l’Est pour le Far West. Sa diligence ayant été attaquée par des bandits, Ransom Stoddard s’était indigné et le chef de la bande, Liberty Valance, l’avait alors sauvagement frappé. Une haine inexpiable devait lier les deux hommes, mais Stoddard avait beaucoup à apprendre sur les moeurs de l’Ouest…

 




Ciné CLEP programmation 2020 – 2021

CINÉ-CLEP : LE CINÉ-CLUB

Séance de cinéma avec présentation, discussion et analyse filmique

Bibliothèque Saint Corneille

Compiègne

Entrée gratuite

Vendredi 25 septembre à 20h15

LES TROIS LANCIERS DU BENGALE (The Lives of a Bengal lancer)

Réalisateur : Henry Hathaway, 1935, 1h50, N&B, VOSTF, aventure, guerre
Avec Gary Cooper, Franchot Tone, Richard Cromwell
Un régiment britannique fait face à une révolte tribale

Séance présentée par Marie-Pierre Clément

Vendredi 09 octobre à 20h15

LA VIE DES AUTRES (Das Leben der Anderen)
Réalisateur : Florian Henckel von Donnersmarck, 2006, 2h17, coul. , VOSTF, drame
Avec Ulrich Mühe, Sebastian Kock, Martina Gedeck
Berlin-Est, 1984. Un dramaturge est étroitement surveillé par la Stasi

Séance présentée par Jean-Christophe Tolg

Vendredi 20 novembre à 20h15 

GHOST IN THE SHELL (攻殻機動隊)
Réalisateur : Manoru Oshii, 1995, 1h23, coul. , VOSTF, animation, science-fiction
Avec Akio Ōtsuka, Iemasa kayumi, Atsukio Tanaka
Dans un Japon futuriste, le major Motoko Kusunagi fait partie d’une cyber-police musclée

Séance présentée par Antoine Torrens

Vendredi 11 décembre à 20h15

LES QUATRE CENT COUPS
Réalisateur :François Truffaut, 1959, 1h33, France, N&B, VF, comédie dramatique
Avec Jean-Pierre Léaud, Claire Maunier, Albert Rémy
Antoine Doinel vit une adolescence turbulente. Son seul réconfort est son ami René

Séance présentée par Catherine Raucy

Vendredi 22 janvier à 20h15

Séance « FEEL GOOD MOVIE »

CHANTONS SOUS LA PLUIE (Singin’ in the rain)
Réalisateur :Stanley Donen & Gene Kelly, 1952, 1h30, coul. , États-Unis, VOSTF, comédie musicale
Avec Gene Kelly, Donald O’Connor, Debbie Reynolds
À Hollywood, un couple de cinéma est fragilisé par l’avènement du parlant

Séance présentée par Aurélie Hésèque

Vendredi 12 février à 20h15 

Séance « INTERACTIVITÉ »

IMMEMORY
Réalisateur : Chris Marker, 1998, film documentaire
Christian Bouche-Villeneuve, dit Chris Marker (1921-2012). Le cinéaste de La Jetée, Le fond de l’air
est rouge ou Sans soleil a conçu Immemory comme une oeuvre associant divers types d’images
reliées par le numérique

Séance présentée par Jessie Warlop

Vendredi 19 mars à 20h15 

Séance « CHANBARA »

BABY CART 1 : LE SABRE DE LA VENGEANCE (子連れ狼 子を貸し腕貸しつかまつる)
Réalisateur : Kenji Misumi, 1972, 1h23, coul. , Japon, VOSTF, aventure, film de sabre
Avec Tomisaburō Wakayama, Akihiro Tomikawa
Un bourreau déchu se transforme en mercenaire impitoyable

Séance présentée par Willy Le Guil

Vendredi 09 avril à 20h15 

FARGO
Réalisateurs : Joel & Ethan Coen, 1996, 1h37, coul. , États-Unis / Royaume-Uni, VOSTF, policier, drame
Avec William H. Macy, Frances McDormand, Steve Buscemi
Un vendeur de voitures fait enlever sa femme par deux petites frappes

Séance présentée par Catherine Raucy

Vendredi 21 mai à 20h15 

LE LABYRINTHE DE PAN (El laberinto del fauno)
Réalisateur : Guillermo del Toro, 2006, 1h52, coul. , Espagne / Mexique, VOSTF, fantastique
Avec Ivana Baquero, Doug Jones, Sergi López
Une jeune fille est désignée par un faune comme la princesse d’un monde souterrain

Séance présentée par Antoine Torrens

Vendredi 18 juin à 20h15 

TALONS AIGUILLES (Tacones lejanos)
Pedro Almodóvar, 1991, 1h53, coul. , Espagne / France, VOSTF, comédie dramatique, romance
Avec Victoria Abril, Marisa Paredes, Miguel Bosé
Une chanteuse rentre à Madrid. Elle y retrouve sa fille mariée à un de ses anciens amants

séance présentée par Jean-Christophe Tolg




Ciné CLEP – Atlantic City

Mercredi 15 mai 2019 à 20h15

Bibliothèque Saint-Corneille, salle Michèle Le Chatelier

Entrée Gratuite

Réalisateur

Louis Malle

(1980)

Musique

Michel Legrand

Acteurs

Burt Lancaster Lou
Susan Sarandon Sally
Michel Piccoli Joseph
Kate Reid Grace
Hollis McLaren Chrissie
Robert Joy Dave
Al Waxman Alfie
Robert Goulet Singer

Synopsis

En cavale avec pour tout bagage leurs hardes de hippies et un paquet de drogue dérobé à la Mafia, Dave et Chrissie trouvent refuge à Atlantic City, chez la soeur de Chrissie, Sally, par ailleurs ex-épouse de Dave. Ce n’est que par égard pour le bébé de sa soeur que Sally accepte d’héberger le couple. A peine arrivé, Dave fait la connaissance du voisin de Sally, Lou Pascal, une vieille fripouille qui survit grâce à des paris minables et, surtout, grâce à la générosité de sa maîtresse, Grace, une ancienne reine de beauté hypocondriaque. Lou aide Dave à écouler son stock de drogue, mais ce dernier est abattu par les mafieux lancés à ses trousses…
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Ciné-CLEP : La Huitième Femme de Barbe-Bleue

Mercredi 3 avril 2019 à 20h15

Bibliothèque Saint-Corneille, salle Michèle Le Chatelier

Entrée Gratuite

Réalisateur

Ernst Lubitsch (Bluebeard’s Eighth Wife, USA, 1938)

Musique

Friedrich Hollaender

Acteurs

Claudette Colbert Nicole de Loiselle
Gary Cooper Michael Brandon
Edward Everett Horton le marquis de Loiselle
David Niven Albert de Régnier
Elizabeth Patterson Edwige
Herman Bing Pépinard
Warren Hymer Kid Mulligan
Lionel Pape Potin

Synopsis

C’est en souhaitant acquérir une veste de pyjama que Michael Brandon, un jeune milliardaire séjournant sur la Côte d’Azur, fait la connaissance de Nicole de Loiselle, la ravissante fille d’un noble désargenté. Les relations des deux jeunes gens commencent mal. Lui achète la veste, elle, le pantalon du pyjama. Mauvais présage qui ne décourage pas Michael dans ses tentatives de séduction. Nicole résiste tout d’abord, avant d’accepter d’épouser son riche prétendant, sur les conseils de son père. Apprenant peu de temps après la noce que Michael a déjà été marié à sept reprises, elle décide de se garantir financièrement contre lui…

Critique

Aurélien Ferenczi (Télérama)

En achetant un pyjama sur la Côte d’Azur, Michael Brandon, milliardaire américain, fait la connaissance de Nicole de Loiselle, aristocrate française désargentée. Ils se marient, mais la jeune femme découvre qu’elle est sa huitième épouse…

Le célèbre épisode du pyjama dont Gary Cooper ne prétend acheter que la veste – ce qui lui vaut d’être traité de communiste ! – est devenu le symbole de la « Lubitsch touch ». Le cinéaste aborde avec légèreté des thèmes censés choquer l’Amérique puritaine. Le code Hays a bien interdit la représentation à l’écran du lit conjugal (d’où l’abondance de lits jumeaux dans la comédie américaine). Comment admettre alors qu’homme et femme partagent un vêtement de nuit ? Chez Lubitsch, le graveleux est là, tout près, masqué par la flamboyance du marivaudage… Ici, Gary Cooper et Claudette Colbert vont épuiser les figures du duo amoureux. La mise en scène de Lubitsch suit ce catalogue exhaustif de positions amoureuses (positions de l’âme, évidemment) avec une invention sans cesse renouvelée : de la French Riviera aux intérieurs gigantesques et luxueux, l’espace se plie aux caprices du cinéaste, devient le symbole des intermittences du coeur. Un pur joyau, intégralement hilarant !

 




Ciné CLEP : Singularités d’une jeune fille blonde

Singularidades de uma Rapariga Loura

Mercredi 16 janvier 2019 à 20h15

Bibliothèque Saint-Corneille, salle Michèle Le Chatelier

Entrée Gratuite

Réalisateur

Manoel de Oliveira (2009)

Acteurs

Ricardo Trêpa Macário
Catarina Wallenstein Luisa Vilaça
Diogo Doria Oncle Macário
Carlos Santos Caixeiro
Julia Buisel Dona Vilaça
Leonor Silveira La femme du train
Filipe Vargas l’ami
Miguel Seabra le notaire
Rogério Samora l’homme au chapeau de paille

Synopsis

Dans un train, Macário raconte ses tourments à une étrangère. Il est tombé follement amoureux d’une jeune fille blonde apparue à la fenêtre en face de son bureau. Introduit par un ami, il la rencontre dans un cercle littéraire. Il désire l’épouser mais son oncle, pour qui il travaille comme comptable, s’y oppose. Comme il insiste, son oncle le renvoie et convainc ses relations professionnelles de ne pas lui donner de travail. Macário est alors forcé à l’exil pour gagner sa vie. Quand après d’autres péripéties il rentre enfin à Lisbonne, son oncle accepte le mariage. Mais le jeune homme découvre un trait de caractère troublant de sa fiancée…

Critique

par Jacques Morice (Télérama)

Dans un train qui file vers l’Algarve, un homme affligé raconte à une inconnue ses cruelles infortunes. Travaillant comme comptable dans la boutique de son oncle, il est tombé amoureux d’une jeune fille blonde, une voisine qui apparaît souvent à sa fenêtre, un éventail à la main. Tous deux font connaissance, l’amour est réciproque. Le jeune homme souhaite épouser l’élue mais l’oncle de cette dernière s’y oppose. Contraint de s’exiler, seul, au Cap-Vert pour gagner sa vie, Macário diffère sa demande en mariage en attendant d’avoir une situation financière stable…

Ce délicieux récit d’apprentissage réserve au moins deux surprises de taille — on ne les révélera pas —, qui montrent qu’il ne faut jamais se fier aux apparences, les souriantes comme les sévères. Avec presque rien, Oliveira nous transporte — en train ou à travers l’imaginaire. Il suffit de quelques accessoires, comme cet éventail chinois unique en son genre, de comédiens solides (de Diogo Dória à Luís Miguel Cintra, qui lit à un moment un poème de Pessoa), ou d’une muse mystérieuse, « blanche colombe de neige et d’or ». C’est simple comme bonjour, fluide, intemporel. Le contraire d’une leçon : un geste de cinéma détaché.




Ciné CLEP : IVANHOÉ

Mercredi 12 décembre à 20h15

Bibliothèque Saint-Corneille, salle Michèle Le Chatelier

Entrée Gratuite

Réalisateur : Richard Thorpe (1952)

Acteurs :

Robert Taylor Ivanhoé
George Sanders Bois-Guilbert
Elizabeth Taylor Rebecca
Norman Wooland le roi Richard Coeur de Lion
Joan Fontaine lady Rowena
Felix Aylmer Isaac
Robert Douglas Hugh de Bracy
Emlyn Williams Wamba

Synopsis

Le roi d’Angleterre, Richard Coeur de Lion, s’est mystérieusement évaporé sur le chemin du retour, après avoir longtemps guerroyé en Terre sainte. Ivanhoé, un noble Saxon à la fidélité inébranlable, part à sa recherche et retrouve sa trace en Autriche. Le roi Richard y est retenu captif par le duc Léopold qui, voyant bien le profit qu’il pourrait tirer de son prestigieux prisonnier, exige en échange de sa libération une somme faramineuse. Ivanhoé se hâte de regagner l’Angleterre. Son père le renie. Le prince Jean sans Terre, frère du roi, entend bien ne pas s’acquitter de la rançon et conquérir ainsi le trône. C’est auprès de la communauté juive d’Angleterre qu’Ivanhoé trouve quelque écho à sa demande…

La Critique

Guillemette Odicino (Télérama)

Ivanhoé, le preux chevalier saxon dévoué à la cause du roi Richard, affronte les chevaliers normands du félon prince Jean et fait battre le coeur de deux beautés, l’une saxonne, l’autre juive… Richard Thorpe, grand artisan de la MGM, réussit de flamboyantes scènes d’action : le tournoi d’Ashby et l’attaque du château de Torquilstone, où Ivanhoé doit une fière chandelle aux archers de Robin des bois, dont la tenue, pour une fois, n’est pas verte.

Mais la force dramatique du film est ailleurs : dans l’amour brûlant qu’éprouve le cruel Normand Bois-Guilbert (George Sanders, fascinant) pour Rebecca, qui préférerait mourir plutôt que de lui appartenir. Exacerbé par cette flamme, le duel final est digne des plus grandes tragédies. Bois-Guilbert affronte une dernière fois Ivanhoé pour décider du sort de Rebecca. S’il perd, elle vivra. S’il ­gagne, elle sera conduite au bûcher… L’honneur ou l’amour. Il sera trop tard quand la superbe et pieuse « infidèle » (Elizabeth Taylor, beauté de jais) comprendra que lui seul aurait su l’aimer. A travers Rebecca et son père, Isaac d’York, c’est aussi le statut des juifs, éternels apatrides, qui est superbement évoqué.