Ciné CLEP : Moonrise Kingdom

Mercredi 20 novembre à 20h15

Bibliothèque Saint-Corneille, salle Michèle Le Chatelier

Entrée Gratuite

Réalisé par Wes Anderson

Avec :

Bruce Willis le capitaine Sharp
Frances McDormand Laura Bishop
Kara Hayward Suzy
Edward Norton le chef scout Ward
Jared Gilman Sam
Bill Murray Walt Bishop

Synopsis

Dans les années 60, Suzy grandit entre ses trois petits frères et ses parents dans une vaste maison, sur une petite île perdue au large de la Nouvelle-Angleterre. Armée de ses jumelles, l’enfant, difficile, scrute le monde, observant en particulier les rencontres secrètes entre sa mère Laura et le capitaine Sharp, de la police locale. Le chef scout Ward dirige avec rigueur son camp d’été, à l’autre bout de l’île. Un petit mot et un trou dans la toile de tente lui apprennent que le jeune Sam Shatusky a pris la clef des champs. C’est là, à l’abri des regards, que Suzy et Sam se rejoignent. Amoureux depuis un an, ils ont planifié leur fugue par courrier. Ils tentent d’échapper aux scouts lancés à leur poursuite, alors qu’une tempête approche…

La critique

Wes Anderson a toujours pratiqué un cinéma insulaire, comme une bulle stylisée, un défi à la réalité. Cette fois, non seulement il se retranche sur une véritable île, mais il invoque le paradis forcément perdu d’une Amérique encore innocente — celle des sixties. Et si tous ses héros adultes se comportaient, jusqu’alors, comme des mômes inconsolables, Moonrise Kingdom place pour la première fois au centre de vrais enfants, deux petits amoureux. A travers le branle-bas de combat déclenché par leur disparition, le cinéaste parvient à faire exister toute une flopée de personnages tragi-comiques. Le chef scout (Edward Norton) dévoré de culpabilité. Les parents de la fugueuse, las d’eux-mêmes et de leur couple (Bill Murray, Frances McDormand). Le flic (Bruce Willis), amant sans espoir de la mère.

Lorsque les éléments se déchaînent sur tout ce petit monde, Moonrise Kingdom ­devient franchement haletant, entre cartoon et film catastrophe. Or cette efficacité n’enlève rien à l’art du microdrame, du déchirement en sourdine qui caractérise le cinéaste. La crique des fugueurs sentimentaux est rayée de la carte par la tempête ? Le fait est signalé en passant. Un simple effet collatéral, sans grande importance, et d’autant plus bouleversant. Avec l’épilogue, euphémique et sublime, on a l’impression d’assister à l’invention de la nostalgie.

Louis Guichard (Télérama)